Philosopher : un talent rare.

Navré de te dire ça, mais on n'est absolument pas d'accord

Ce qui tu décris n'est pas la philosophie mais la sophistique, la philosophie n'est pas une science du discours et de la persuasion, la philosophie n'est autre que l'amour de la sagesse et sa recherche comme tu l'as toi même rappelé. Et si on est libre de penser ce que l'on veut, tous sont libre de nous contredire. C'est justement là que je différencie une philosophie des opinions d'une philosophie véritable qui ne peut souffrir de contradictions par son essence purement rationnelle qui met tout homme raisonnable devant une évidence indéniable.

Je suis d'accord de dire que la philosophie on s'en sert tous les jours, mais le simple fait de penser n'est en rien un acte philosophie, tout comme la conscience d'être un homme. La philosophie a pour moteur l'étonnement face au monde et le questionnement des évènements et phénomènes qui le l'habitent et le traversent, et elle est une tentative de réponse à ces questions, une tension vers la vérité. Tout pensée n'est pas cela, une pensée philosophique doit être un raisonnement ou une intuition raisonnée, la philosophie est par nature discursive, c'est-à-dire que c'est un processus, et comme tout processus il prend du temps, se construit et s'assemble, chemine. Mais autant je peux comprendre pourquoi tu as dis que le simple fait de penser était philosopher, autant je ne saisit pas bien au nom de quoi tu prétend qu'avoir conscience d'être un homme est de la philosophie ? Si tu fais référence à Descartes, ça n'est pas ça le fondement de sa pensée.

Quant à l'humanité des personnes prétextant l'inutilité de la philosophie, je peux te dire que ces personnes sont bien des humains, elles n'ont simplement pas eut la chance d'avoir une éducation et une vie permettant d'appréhender la chose et de s'y plonger.

Pour finir je dirais que maîtriser l'art de la philosophie ce n'est pas être libre de penser ce que l'on veut, pour cela il suffit d'être libre tout court, -sur la question de la contradiction, soit tu y voit un art sophistique soit tu penses comme moi, c'est à dire ce que j'ai énoncé plus haut- c'est l'art d'être sage. Qu'est-ce qu'un sage maintenant ? Il en existe de nombreuses définition, mais à mes yeux c'est tout simplement quelqu'un de raisonnable, de véritablement raisonnable.

Non justement la rhétorique est un art des sophistes, les sophistes était très exactement des faux philosophes qui prétendaient pouvoir tenir un discours sur tout et son contraire et le maintenir. L'une de leur thèse principale est qu'il n'y a pas de vérité mais que des façons de présenter les choses. Les sophistes était des professeurs itinérants qui se faisaient payer très chers pour dispenser leur leçon de rhétorique afin d'assurer aux orateurs d'emporter l'adhésion des foules, mais pas par la raison, par la persuasion, c'est un art souvent fourbe et dont il est aisé de faire mauvais usage.

Si tu prends les sophistes pour des philosophes je pense que tu n'as pas bien saisi ce qu'était la philosophie. Un bon philosophe saura convaincre, pas persuader, parce que la raison qui habitera ses arguments lui permettra d'obtenir l'adhésion des autres à sa thèse. C'est la raison qui fait la force du philosophe et non pas seulement son habileté dans l'art du beau parleur, cela c'est ce que l'on nomme la démagogie.

La maïeutique est ce que pratiquait Socrate qui est considéré comme le premier vrai philosophe de l'historie occidentale, et qui a été avec Platon l'ennemi des sophistes justement. Cet art littéralement est celui de faire accoucher (pour le cas des sages "hommes" ont parle de maïeuticiens), mais Socrate ne faisait pas accoucher des nourrissons, c'était les esprits qu'il accouchait par un processus très simple qui est le dialogue, il allait discuter chez des amis ou sur la place publique, se faisant inviter et il testait ainsi les thèses des uns et des autres, les soumettant à ses questions, mettant en évidences les contradictions et erreurs souvent faites et ainsi il permettait aux jeunes hommes d'avoir une pensée mûri et pleine. Lui même ne prétendait rien, il disait ceci "tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien"; il n'avait pas de savoir à dispenser à proprement parler, il aidait plutôt les autres à développer leur raisonnement correctement. Et il faisait cela gratuitement lui, ce qui n'était pas le cas des sophistes.

Vois-tu la différence ?

Quant à l’allégorie de la caverne de Platon, il est vrai qu'elle a justement pour but de montrer que l'homme doit cheminer vers la sagesse en sortant de la caverne pour atteindre le soleil. Mais de cela on pourra discuter dans un autre sujet si cela t'intéresse ?